Santa Messa in onore di San Bernardo

Ospizio del Gran San Bernardo

15-06-2024

 

«Protège-nous, Seigneur, à la prière de saint Bernard».

C’est ainsi que nous fait prier la Liturgie de la fête de saint Bernard. Or, l’homme d’Internet et de l’intelligence artificielle a-t-il toujours besoin de protection ? N’est-il pas capable de se défendre tout seul et d’avancer tout seul sur les chemins d’un avenir ouvert au progrès sans limites? C’est bien ce qu’au fond nous croyons, nous hommes de l’Occident, soutenus par une publicité mensongère. Il semble que l’homme soit tout-puissant.

La Liturgie, par sa provocation, peut nous aider à faire vérité.

En réalité, l’homme évolué du troisième millénaire a encore besoin de protection. Il suffirait de considérer la grande partie de l’humanité qui vit dans la misère, victime de l’injustice et de la violence. Il suffirait de considérer l’instabilité des relations personnelles, et la souffrance qui en résulte, les problèmes de santé et de solitude d’une population toujours plus âgée et encore la violence et la guerre qui, malgré tout effort, continuent à être les moyens que les hommes et les peuples utilisent, aujourd’hui comme il y a des millénaires, pour régler leurs différends.

Nous reconnaissons que nous avons besoin de protection face à «l’océan de mal, d’injustice, de haine, de violence» (Benoit XVI) dans lequel notre monde risque de s’effondrer. C’est pour cela que nous sommes monté ici, sur le Col, pour nous placer dans la prière de saint Bernard que le Seigneur nous donne comme protecteur et comme guide afin que nous apprenions à suivre ses traces en vue d’atteindre la montagne véritable qu’est le Christ, le Sauveur des hommes, de tous les hommes.

Mettons-nous donc sur ses traces. Je les retrouve, ses traces, à partir de la Parole que l’Eglise nous propose pour sa fête.

Restez dans la ferveur de l’Esprit… ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve…

Pèlerin et apôtre d’espérance, saint Bernard nous invite à regagner la source de la joie et la capacité de tenir bon dans l’épreuve, en restant dans la ferveur de l’Esprit. Rester dans la ferveur de l’Esprit pour que nous-mêmes, et notre monde, puissions avoir encore la joie de l’espérance et regarder l’avenir sans scepticisme et pessimisme. Que peut-il signifier pour nous rester dans la ferveur de l’Esprit? Le Pape François, qui consacre à l’espérance le prochain Jubilé, nous renvoie à saint Paul : Nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ… et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. […] L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné  (Rm 5, 1-2.5). Voilà, rester dans la ferveur de l’Esprit c’est Lui permettre de nous maintenir ancrés dans la paix avec Dieu, force d’amour répandue dans nos cœurs, capable de transformer l’histoire humaine comme «un fleuve de bonté, de vérité, d’amour» qui fait un barrage contre l’océan du mal, un fleuve toujours plus grand que toutes les injustices du monde (Benoit XVI). L’espérance chrétienne naît de l’amour de Dieu qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix : Si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie (Rm 5, 10).

«L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu» (pape François)

Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres.

Si notre Saint s’est fait prédicateur itinérant et ambassadeur de paix, s’il a fondé une maison et une Congrégation consacrées à accueillir tous ceux qui passent sans distinction de papiers, de race, de religion c’est qu’il avait un regard profond sur l’âme humaine. Je retrouve ce regard dans ce que le Pape écrit dans la Bulle du Jubilé : «Tout le monde espère. L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien». Saint Bernard nous invite à rencontrer les personnes avec ce regard, à ne pas les classer en fonction de leur attitude, de ce qu’elles font de bien ou de mal, mais les considérer dans le potentiel de vie, d’avenir qu’elles portent dans leur cœur, sachant que l’espérance contient en fin de compte Dieu et conduit à Lui.

Pratiquez l’hospitalité avec empressement.

Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui envisagent l’avenir avec méfiance, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. Ce sont les pèlerins de la vie qui ont besoin d’être accueillis et réconfortés, nourris par une parole d’espérance que nous tenons du Christ :  Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos (Mt 11, 28). Saint Bernard a confié à ses fils une mission concrète, pas seulement idéale : accueillir les pèlerins, c’est leur offrir le gîte et le couvert.

Depuis mille ans, la Maison du Saint-Bernard offre à ses hôtes, en plus du toit et de la nourriture, le témoignage d’un dévouement désintéressé, le témoignage d’une charité chrétienne vécue qui devient une annonce discrète et crédible de Jésus et de son Evangile.

C’est la troisième trace que nous offre saint Bernard : pratiquer avec empressement l’hospitalité dans notre vie envers les hommes et les femmes qui marchent avec nous sur les chemins de l’histoire, en leur donnant un coup de main, quand c’est nécessaire, et en leur disant que le règne de Dieu est tout proche et que Dieu marche avec nous et qu’Il nous attend parce qu’Il désire notre salut et la plénitude de notre vie en communion avec Lui.

Rester dans la ferveur de l’Esprit, partir de l’espérance qui habite la vie des personnes que nous rencontrons, les accueillir dans notre vie ce sont les traces que saint Bernard nous donne aujourd’hui pour laisser le Christ nous rencontrer et pour le rencontrer dans nos frères et sœurs. Amen.

 

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